Pour certains cela est arrivé d’une manière naturelle, pour d’autres il a fallu y aller à deux doigts, mais chez moi, j’ai dû essayer plusieurs fois, commencer, abandonner, réessayer avant finalement de le faire ! 😂
Après la journée du 1er février 2008 où j’ai lamentablement échoué à trouver 5000F pour m’acheter une chaussure, j’ai compris que si je voulais m’offrir des choses, je devais le faire par moi-même, et non compter sur les poches des autres. Seulement un problème demeurait :
À 17 ans, comment allais-je faire pour gagner de l’argent ?
J’ai passé 2 semaines à réfléchir, réfléchir, et réfléchir encore ! Et bingo, une solution m’est apparue comme par divine révélation !!!
J’avais un voisin du même âge que moi, mais qui avait déjà arrêté l’école. Il s’était plusieurs fois vanté au beignetariat où on se retrouvait le soir, de souvent gagner jusqu’à 2000 F par jour grâce à son « business ». Il faisait dans la vente de « mposs » (comprenez par là de la ferraille usée). C’était décidé, j’allais également devenir un « mposseur »!
Le samedi qui suivait, 8h j’étais déjà prêt et devant leur porte, attendant qu’il sorte pour qu’on aille à la conquête des ferrailles. Seulement, à peine a-t-il mis le nez dehors qu’il éclata de rire !!!
– Pourquoi tu ris ?
– Mon ami, tu pars à la fête ou tu pars ramasser le « mposs » ?
À cette phrase, je me suis regardé : un jean tout propre, tennis aux pieds, T-shirt tout mignon ! Il m’exigea de le changer et de mettre les plus vieux vêtements que je pouvais trouver ! C’est ainsi que commença la journée !
Après plus de 8h à marcher sous le soleil pour ramasser les morceaux de métal, nous voilà enfin chez le « maguida » pour la vente. Après avoir soigneusement pesé mon butin, il me fit une annonce qui me glaça le sang : ça va faire 450 F !!! Aussitôt dit, il me remit la somme entre les mains !
Sur le chemin du retour, je n’ai eu de cesse à regarder ces pièces restées entre mes mains : tout ce travail, toute cette souffrance, sous ce très chaud soleil… POUR 450 F ???
Cette nuit là je n’ai pas pu dormir, il me fallait trouver un nouveau plan !
« Je m’appelle FANGWA, et les FANGWA n’abandonnent jamais », me suis-je répété !
Quelques semaines après, je décide qu’il me faut explorer de nouveaux horizons, car vraiment le mposs ce n’était pas pour moi !
En face de la maison, se trouvait un collège (le Collège Saint Laurent) qui était encore en plein chantier. J’avais plusieurs fois entendu des grands frères au quartier dire qu’ils y étaient payés 2000 F la journée, comme manœuvres. C’était décidé, les week-ends j’irai pointer au chantier !!!
Aussitôt dit aussitôt fait ! Me voilà samedi qui me présente à 7h au chantier, où je rencontre le chef chantier (un papa du quartier qu’on appelait « MASSA YO ». Quand je lui ai dit que je voulais travailler, il éclata de rires !!! « La pelle ce n’est pas le bic hein Fabrice », me dit-il. Mais comme j’insistais, il accepta.
8h on démarre !!! 8h30 je demande à faire une pause 🤣
Tous mes muscles me faisaient atrocement mal!!! Impossible de soulever la moindre pelle !
Tous les autres manœuvres se moquèrent de moi, mais plutôt ça me donna du courage. Je me suis levé, et le travail a continué. À la fin de la journée, papa Massa Yo me remis mes 2000F et me dit : « tu es très courageux, mais ne reviens plus ici, ce n’est pas un travail pour toi, tu es trop faible ».
Bon je venais de me faire renvoyer, mais au moins j’avais empoché 2000F 😄
Des mois plus tard
Des mois ce sont écoulés, j’ai eu mon BAC C, et l’année d’après, je me suis inscrit à la fac.
Un jour, alors que je suis posé à la maison, toujours entrain de chercher des plans pour gagner de l’argent, j’entends une voisine gronder sa fille qui faisait la classe de 5ème : « Tu es trop bête, trop stupide. Tu ne peux pas aussi être brave à l’école comme Fabrice ? »
Ah bon !? Mais oui c’est vrai ! Depuis la maternelle je suis toujours premier de la classe… Et tout le quartier le sait!!! Mais alors…. Immédiatement je saute de ma chaise et vais chez la voisine :
– Ma’a Béa bonjour
– Bonjour Fabrice. Ça va ?
– Oui. Ma’a Béa j’ai suivi comment tu disais à Anita qu’il faut qu’elle travaille à l’école
– Oui, ta sœur si est trop bête même
– Non ma’a Béa, il faut seulement qu’elle sache comment apprendre. Si tu veux, je vais travailler avec elle, mais aussi avec Pitou comme il fait le BEPC là
– Ah mon père, ok, pourquoi pas. Si tu peux fendre leurs cerveaux tu mets l’école dedans !
– Voici ce que je te propose. Si à la prochaine séquence ils ont chacun au moins 12 de moyenne, tu vas me payer 10.000 pour chacun d’eux. S’ils n’atteignent pas tu ne me paies rien !
– (éclatant de rires) Pitou encore peut-être, mais la fille ci avoir 12? Comment ??? En tout cas ok, je suis d’accord !
2 mois plus tard, les résultats de la séquence tombent : son fils (Pitou) a eu 14 de moyenne, et Anita a eu 12!!!
Le soir même où on a remis les bulletins, c’est leur père qui me fit appel. Il était tellement content qu’il envoya qu’on m’achète le jus (c’était l’honneur suprême qu’on pouvait recevoir à cette époque), et me remis en plus 20.000 F!
Je venais ainsi d’apprendre à gagner de l’argent grâce à ce en quoi j’étais doué !!!
20.000F ce n’était pas mal, mais il m’en fallait plus, beaucoup plus ! C’est ainsi qu’il m’a fallu passer de 20.000 F à 200.000 F, mais ça, je vous le raconterai dans le prochain épisode !
CHAQUE PASSION PEUT ÊTRE TRANSFORMÉE EN SOURCE DE REVENU, À CONDITION DE SAVOIR COMMENT S’Y PRENDRE !
Fabrice Fernand FANGWA,
ancien répétiteur devenu enseignant d’école de commerce