Deux ans après avoir lancé ma première affaire (qui me rapportait en moyenne 250.000F/mois) j’ai appris de la plus cruelle des manières que le plus difficile n’est pas de gagner de l’argent, mais de maintenir sur pieds le système qui t’en fait gagner !😔 Et même ça ne suffit pas. 😅
L’argent coulait à flot….🤑
20 ans, venant d’un quartier pauvre, où 2 ans auparavant je manquais 5000F, je me retrouvais subitement à gagner des sommes que je n’avais jamais espéré un jour gagner (quand j’y repense aujourd’hui, je souris). J’étais le nouveau boss, il fallait en profiter !!!
C’est ainsi que je me suis progressivement transformé en un petit diable prétentieux, orgueilleux, méprisant, dépensier et j’en passe. Tous les soirs, j’offrais à boire à mes amis, que ce soit au célèbre CLUB UV à Ange Raphaël avec mes copains de fac, ou encore le snack de la boulangerie PRISCILLIA à Ndogpassi (mon quartier).
Tellement j’étais “généreux” qu’on m’a surnommé SÉNATEUR (jusqu’à aujourd’hui ce surnom me suit 😁)
Seulement, cette arrogance a commencé à déteindre sur le business. Nous étions 3 associés, mais je considérais que c’était « mon affaire », et les autres étaient mes collaborateurs !
Le premier à se sentir mal à l’aise était Jean ! Il attira mon attention sur ma manière de faire, en m’expliquant qu’il se sentait mis à côté dans les décisions. Je lui ai répondu :
Ici, c’est moi dis ce qu’on doit faire. Si ça t’énerve, c’est ton problème.
Mais en réalité, il avait parfaitement raison. Par exemple, lorsqu’il fallait recruter un nouvel enseignant, je ne lui demandais pas son avis. Il constatait juste !!! La gestion financière de la boîte ? Je l’assurais tout seul ! Même la relation avec les parents était de mon ressort !
Un jour, tout a totalement basculé !
J’arrive au centre 2 qui était au quartier Bonaloka, et je vois une élève de terminale dehors et très remontée :
– Qu’est-ce que tu fais là ?
– M. Jean m’a mise dehors. Il a dit que soit je me mets à genoux 5 min, soit je n’entre pas !
– OK. Viens, on va en salle !
Il faut dire que j’entretenais une relation avec cette dernière, au mépris de toutes les règles que j’avais moi-même établies 🙈
Je la prends donc et je lui demande d’entrer en salle, alors que Jean est en cours. Sur ce, il s’énerve et lui demande de ressortir ! Elle lui répond : « Monsieur Fabrice a dit que je peux revenir en salle, vous êtes qui pour contredire ? »
Tollé général en salle ! Jean riposte, une dispute éclate ! J’entre à mon tour en salle : « J’ai dit qu’elle entre, et elle va entrer ! »
Je vous laisse imaginer la suite !!!
Crise totale !
Jean appelle Jacques (le troisième associé) et Georges (un autre ami commun) pour une réunion de crise.
Au courant de celle-ci, il exige des excuses de ma part, pour lui avoir manqué de respect !
Tu peux aller crever ! Je t’ai sorti de ton trou, grâce à moi tu gagnes 200.000 chaque mois, et tu dis que je dois m’excuser ?
6h de réunion, aucune conciliation possible : le divorce doit être prononcé !!!
Séparation
Nous décidâmes donc de nous séparer ! Je garderai le centre de Ndogpassi (que j’ai d’ailleurs rebaptisé L’ACADÉMIE DE L’EXCELLENCE) et lui celui de Bonaloka (qui garda le nom L’ACADÉMIE DU SUCCÈS).
J’étais très sûr de moi, en quelques mois j’allais développer l’affaire et lui, il reviendra me supplier !
Un mois, deux mois, trois mois… Les chiffres ne font que baisser ! Tous les enseignants que nous avions ou presque sont partis ! Je cherche alors à en recruter de nouveaux : personne ne veut travailler avec moi ! Un a eu l’honnêteté de me dire : « Tu vas me payer mais un matin m’insulter ».
J’étais loin d’imaginer en arriver à ce point !!! Cette fin d’année scolaire fut catastrophique !
Pendant les vacances, Jacques (qui est resté jusqu’à aujourd’hui une des personnes que je respecte le plus, pour son sens de la médiation) m’approcha pour une ultime négociation. Chez Jean également ça n’allait pas, mon départ avait fait partir beaucoup d’élèves, et lui n’avait pas les mêmes capacités managériales que moi. Il était prêt à se remettre avec moi si j’acceptais qu’on partage les points de pouvoir : JAMAIS ! SI JE REVIENS C’EST POUR ÊTRE LE BOSS, PAS POUR PARTAGER LE POUVOIR !
Le divorce fut donc consommé !
Échec scolaire des élèves, manque de professeurs qualifiés… Le chiffre d’affaires mensuel atteignait à peine les 200.000 F au courant de l’année scolaire suivante !
Mon business était devenu une épave, qui ne me rapportait absolument plus rien !!!
J’ai appris à mes dépens que le plus important en affaires, au-delà de la stratégie, c’est l’humilité !
Après cet échec je décide de partir de Douala pour Yaoundé, où je suis déterminé à bâtir un empire, comme je vous le raconterai dans le prochain épisode !
Fabrice Fernand FANGWA,
le Sénateur !